Cuir Mouvement
CUIR MOUVEMENT
Par Henri Guette
Le bruit des lames qui vibrent et tournent sur elle-même a quelque chose de menaçant. Les mobiles de Lyz Parayzo et leurs claquements de métal impliquent du visiteur un pas prudent, une attention à son corps et ses déplacements.
Ce travail de mise en condition se poursuit jusque dans la lumière rose filtrée par des gélatines qui modifie les perceptions dans la pure tradition de l’art optique et cinétique. L’artiste brésilienne qui a une connaissance très fine des spécificités de l’histoire de l’art de son pays aime à se référer à Lygia Clark et à la manière dont elle cherchait à engager le spectateur.
En réinterprétant avec le motif des dents de scie les Bichos qui invitait à la manipulation et à la modulation, Lyz Parayso entend transposer une réaction de défense, une stratégie de résistance avec ses Bixinha. Et si la sculpture ne se donnait plus mais créait une distance, évoquait des corps absents, féminins ou trans ?
Celle qui se présente aussi bien comme artiste que comme activiste parle en effet des corps non normatifs et de la communauté “cuir”, ou “queer” selon l’expression anglo-saxonne. La récurrence de la scie circulaire qu’elle découpe et présente comme des spirales crée un paradoxe ou plutôt une tension.
Tranchante pour celles et ceux qui tentent de s’approcher, elle est aussi protectrice pour la personne qui reste en son centre. L’artiste évoque clairement des dynamiques de pouvoir, de violence et de désir dans son installation où le métal renvoie encore aux chaînes de production, aux inégalités sociales et économiques et aux exploitations industrielles. Une polysémie coupante autant qu’un signe de ralliement entre différentes luttes.